Les mathématiques recouvrent principalement quatre champs de réflexion de nature différentes quant aux objets qu’elles traitent : la géométrie, science des formes, l’arithmétique, science des nombres et du discret, l’algèbre, science des équations et des structures, et l’analyse, science des approximations et du continue. Si la géométrie traite de la réalité tangible de nature continue, l’arithmétique et l’algèbre, quant à elles, exploitent une abstraction numérique de nature discrète. Cependant, ce n’est souvent que par les chiffres que la réalité s’appréhende : comprendre le monde et les lois de l’univers ne se fait plus, de nos jours, sans représentation numérique.
La métrologie, science de la mesure, est ce pont entre les chiffres et les formes constituant notre réalité. Cette discipline est donc fondamentale à la compréhension du monde ce qui rend sa maitrise indispensable. Les métrologues sont, dès lors et en principe, les piliers sur lesquels reposent toutes nos théories scientifiques, toutes nos connaissances physiques …
Pourtant, depuis les années 1990, cette discipline connait dans le domaine industriel une période qui a réduit son activité à la marge. Ainsi, la « Qualité », qui s’est saisie via l’ISO 9000 de la question de la fiabilité des mesures, sujet essentiel et difficile, a principalement limité la pratique de la métrologie à la gestion des instruments de mesure. Cette pratique a donc souvent fini par servir uniquement la satisfaction des exigences des auditeurs. Cependant, même si cette pratique est très insuffisante pour garantir la fiabilité des mesures, force est de constater que l’industrie s’en suffit depuis toujours. Et pour cause ! Elle a contourné le problème en imposant des spécifications plus exigeantes que nécessaire, dans l’esprit du « qui peut le plus peut le moins ».
Si le XXème siècle s’est satisfait de cette approche qui implique naturellement de la surconsommation, la prise de conscience du caractère limité de nos ressources et des effets délétères, sur notre écosystème, des consommations énergétiques nous imposent d’en sortir. Le XXIème siècle sera donc le siècle du « juste nécessaire » ou ne sera pas, et ce « juste nécessaire » impose de revoir radicalement le rôle du métrologue dans l’entreprise.
Par chance, de nouveaux outils sont à notre disposition désormais (l’Intelligence Artificielle et ses algorithmes), outils qu’il va falloir alimenter de mesures d’une qualité souvent bien supérieure à celle produite habituellement pour qu’ils nous permettent de mieux comprendre et donc de mieux produire …